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Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/301

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XXXV

Ce fut chez M. Faultrier, rue de Lourcine, que je me mis en rapport avec des amis de Henri Heine, et que je lui fus présenté.

La réputation du poète allemand parisien, de l’impitoyable railleur, s’étendait déjà en Europe. Il s’intitulait « Prussien libéré », si bien que ses compatriotes l’avaient presque renié, effrayés qu’ils étaient de son sarcasme.

Heine, chef d’une école nouvelle, le « Voltaire de l’Allemagne », a-t-on dit, avait créé sa poésie lyrique, pleine d’amertume et de gaieté à la fois, capable de blesser cruellement, avec une apparence de bonhomie et de grâce. Né le 1er janvier 1800, il se déclarait ironiquement « le premier homme de son siècle ».

Il ne manquait pas d’attaquer Victor Hugo, regardait Lamartine comme « un saule pleureur », et risquait ce jugement à propos d’Alfred