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Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/324

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d’un garde national tué dans les rues de Paris ou de Lyon.

L’habit de garde national apparaissait dans la plupart des fêtes ; il resplendissait dans les revues et dans les réunions de quartier, avant le départ pour les parades.

Les revues étaient alors de véritables fêtes bourgeoises, populaires aussi, remplaçant celles que l’ancienne monarchie avait conservées, d’accord avec le clergé, et qui n’existent plus : citons, par exemple, la Fête-Dieu.

Je me rappelle avoir vu allumer le feu de la Saint-Jean sur la place de Grève. Il n’en fut plus question, après la révolution de Juillet. Je note la chose en passant, et j’ajoute que les revues de la garde nationale me firent oublier les fêtes moitié religieuses, moitié populaires de ma première jeunesse.

Je me rappelle une des dernières fêtes du roi Charles X. Mon oncle l’invalide me mena aux Champs-Élysées, où pullulaient les danseurs de corde, les hercules, les saltimbanques. Des orchestres étaient composés de musiciens ivres, qui jouaient des quadrilles et des galops. Çà et là, des mâts de cocagne. Enfin, du haut d’une douzaine de tribunes, des agents de police jetaient à la foule, aussi brutalement que possible, riant lorsqu’ils avaient atteint quelques spectateurs,