Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/341

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sieurs imprimeurs et libraires qui avaient commencé brillamment finirent par la ruine ; plusieurs s’enrichirent sans que les auteurs profitassent de leurs bonnes affaires ; plusieurs respectèrent les droits du producteur.

Ladvocat, d’abord établi simple libraire de nouveautés dans la galerie de bois, au Palais-Royal, devint ensuite éditeur, patronna et fit réussir la plupart des jeunes littérateurs. Son opulente librairie était placée sous l’invocation du dieu Mars, dont la figure dorée servait d’enseigne au magasin (numéros 197 et 198), qui a été pour beaucoup d’hommes de lettres, remarque Édouard Thierry, « le vestibule de l’Académie et de la Chambre des pairs. Ladvocat a fait des membres de l’Institut, des ambassadeurs, des ministres ; il s’en vantait. Il était l’éditeur intelligent et généreux, hardi et prodigieux. Il n’avait pas inventé la réclame ; mais elle était venue naturellement à lui. Dans un moment où l’annonce existait à peine, où la quatrième page des journaux n’était pas affermée à l’affiche, ami de tous les publicistes, Ladvocat avait à sa disposition les meilleures plumes de la presse. On rendait compte des ouvrages qu’il publiait. Ses prospectus étaient rédigés par de charmants esprits. Il payait un bon livre comme on ne payerait aujourd’hui qu’un scandale ».