Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/35

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incognito, comme cela se voit encore dans nos bibliothèques publiques fréquentées par la jeunesse des écoles.

Nos passions littéraires nous ont incités à gâter bien des volumes ; je ne parle pas de ceux que nous avons usés.

L’Atar-Gull et la Salamandre d’Eugène Sue, où les paradoxes, les antithèses et les tableaux colorés abondent, nous plaisaient extraordinairement ; nous lisions et relisions l’Écolier de Cluny, par Roger de Beauvoir, ainsi que les Mauvais Garçons et Venezia la Bella d’Alphonse Royer, trois romans moyen âge écrits selon la mode nouvelle. Venezia la Bella était illustrée par une vignette de Célestin Nanteuil : la place Saint-Marc, — une gondole, — une jeune fille assassinée. L’Âne mort et la jeune femme guillotinée, la Confession et Barnave, où l’on trouve une satire violente contre la famille d’Orléans, nous passionnèrent ; le Chasseur noir et le Pape et l’Empereur, de Dinocourt, ne nous effrayèrent pas. Le « féroce et formidable roman de Han d’Islande » nous avait bronzés à cet égard.

Peu après, en 1838, les exubérances de Madame Putiphar, par Petrus Borel, nous semblèrent toutes naturelles. Ce roman passe pour être un spécimen des exagérations de l’époque dans le fond et dans la forme.