Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/352

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se succédaient, et les costumes en loques firent fureur. Le masque n’exista plus que pour les femmes ; les habits noirs pullulèrent, et les gens ennuyés.

Alors, au théâtre de la Renaissance (salle Ventadour), des bals masqués nouveaux firent, durant quelques années, concurrence à ceux de l’Opéra. On crut à une résurrection de l’intrigue, absolument absente dans la rue Le Peletier.

Pour mon compte, j’allai à tous les bals de la Renaissance. Dans ma naïveté de jeune homme, j’éprouvai un véritable bonheur à y rencontrer un coquet domino qui, six fois de suite, me parla et m’intrigua. Je jouai six fois de suite le rôle de martyr, croyant à une aventure charmante…

J’ai su plus tard que le coquet domino était la sœur d’une ouvreuse de loges au Vaudeville, — une fille aussi bête que laide.

Gavarni illustra, vers ce temps, les bals masqués. Il composa des scènes prises sur le vif ; il inventa des costumes en papier, qui firent sensation aux bals de la Renaissance ; il créa les types du titi et du débardeur.

La plupart des théâtres avaient deux séries de bals masqués.

Les carnavals étaient brillants ; les voitures de