Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/54

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un voyage patriotique, la Gazette de France avait publié ce quatrain :


Pour te fêter ici tout le monde s’empresse ;

Cordonniers, forgerons, traiteurs, marchands d’habits,
Chacun y met du sien ; et, dans ta douce ivresse,

Tu peux voir à Lyon tous les états unis.

Pendant que ces messieurs plaisantaient, l’opposition faisait la boule de neige, grossissait à vue d’œil. Elle ne riait pas, dressait ses batteries, s’apprêtait à agir énergiquement.

Aveugle qui ne voyait pas l’état des politiques militants ; insensé qui ne craignait pas un dénouement prochain, favorable à l’une ou à l’autre cause.

Charles X s’imaginait avoir tout gagné en licenciant la garde nationale, dont il ne voulait pas « recevoir les leçons ». Mais le duc de Doudeauville, ministre de la maison du roi, déjà irrité pour avoir vu les agents de police jeter dans le ruisseau le cercueil de son parent, le vénérable La Rochefoucauld-Liancourt, donnait sa démission.

Des citoyens s’étaient avisés d’exposer à leurs fenêtres leur uniforme de garde national, avec cet écriteau : À vendre.

Plus la censure biffait stupidement des phrases, plus les malices des opposants, — républi-