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qu’à assurer l’avenir de sa dynastie, et comptait beaucoup, à cet effet, sur sa nombreuse et sympathique famille.

Lors du procès des ex-ministres, signataires des fatales ordonnances, en décembre 1830, les troupes de ligne, à l’exclusion de la garde nationale, occupèrent seules le jardin du Luxembourg, à l’heure où les accusés devaient le traverser.

La Fayette remarqua « que l’on employait trop d’armée et pas assez de peuple », et une émotion très sérieuse s’ensuivit.

Les ex-ministres comparurent devant la Chambre des pairs, transformée en cour de justice. Les audiences ressemblèrent à des tournois d’éloquence, et les juges oublièrent que le sang du peuple avait coulé à flots.

Le modéré Martignac fut appelé comme défenseur par Polignac, qui l’avait remplacé comme ministre. Martignac, si persuasif, si élégant que, naguère, Dupont de l’Eure lui avait crié doucement de son banc, à la Chambre des Députés : « Tais-toi, sirène ! » produisit un chef-d’œuvre oratoire.

Guernon-Ranville, défendu par Crémieux, avocat encore peu connu à Paris, mit son défenseur dans l’obligation d’improviser une magnifique plaidoirie, tout autre que celle qu’ils avaient concertée ensemble.