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Trattato della Pittura. Son puissant esprit découvrait des obstacles là où les autres n’en voyaient pas ; ce ne fut qu’après les avoir surmontés qu’il put créer ses chefs-d’œuvre ; et ce ne fut que quand ces derniers apparurent enfin, que le monde comprit pourquoi Léonard avait écrit ! On comprit aussi que cette époque de réflexion, que d’autres avaient crue perdue pour l’art, était comme la seule source d’où pût émerger la beauté parfaite, et qu’ainsi la pensée du grand Florentin ne devait pas profiter à lui seulement, mais à l’art de tous les siècles.

Au cours de sa vie agitée, Richard Wagner eut à lutter contre des obstacles de l’une et de l’autre sorte : c’est pourquoi il a beaucoup écrit.

Comme Mozart avait voulu le faire, Wagner a répandu, par ses appréciations critiques sur ses prédécesseurs et ses contemporains, un flot de lumière sur l’histoire et le développement de la musique et du drame. Comme Gluck, il a eu à lutter toute sa vie contre le défaut de compréhension, contre la calomnie, contre les impressions laissées par les représentations mal étudiées de ses œuvres, contre ces « pauvres cervelles, à qui la tête fait mal dès qu’elles entendent quelque chose qu’elles sont incapables de comprendre », pour rappeler un sarcasme de Mozart, contre « les arbitres de l’art et les donneurs du ton, classe d’hommes malheureusement trop nombreuse », dit Gluck, « qui, de tout temps, ont été, mille fois plus que les ignorants, nuisibles au progrès de l’art », « contre l’envie de ces compositeurs qui, « au dire de Beethoven», ne s’entendent à donner de la musique que son squelette »…

Mais nous devons la plus grande partie des écrits de Wagner à des motifs semblables à ceux qui poussèrent Léonard de Vinci à écrire son Trattato della Pittura.