Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/141

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tention du penseur, peut faire place à tel autre, jusque là seulement indiqué, et dont alors la signification grandit et s’accentue.

Qu’on se garde cependant d’attacher trop d’importance à cette division en périodes, pour commode qu’elle soit, ou d’y voir l’expression d’une évolution nécessaire, organique. Je ne saurais que rappeler au lecteur ce que j’ai dit, à cet égard, dans l’introduction de la première partie. Le trait caractéristique de la pensée de Wagner, c’est son étonnante unité : unité qui relie entre eux des écrits d’époque différente, et des objets essentiellement divers, hétérogènes même, par le caractère commun du point de vue. C’est, d’ailleurs, bien là la qualité la plus marquée de toute pensée artistique, fondée sur la vision et sur l’intuition. Une saurait être question ici d’un processus dialectique à la manière de Hegel, de la transformation graduelle d’une notion dans la notion contraire pour arriver à la synthèse ; mais bien plutôt d’une croissance organique, par voie d’intussusception, dans laquelle ce qui est nouveau ne détruit point ce qui est ancien, mais l’élargit seulement. C’est ainsi que le chêne sort du gland, et ce fut ainsi que crut et grandit la pensée de Wagner.