des vérités que nous enseigne la nature. Ce même phénomène, nous l’avons expressément constaté à propos de la politique : la coexistence de termes contradictoires en apparence, mais qui, en réalité, se complètent l’un l’autre ; ce sont des éléments constitutifs et nécessaires d’une intelligence sincère, même vis-à-vis d’elle-même, d’une intelligence qui s’est formée organiquement et à laquelle les mensonges systématiques ne sauraient faire prendre le change.
Dans la conscience de Wagner habitent, sans s’exclure l’une l’autre, et la négation métaphysique, et l’affirmation pratique.
Survient un troisième élément : la religion !…
Si la régénération pratique est représentée comme possible, encore ne réussira-t-elle que si nous sommes « hardis et croyants », voilà ce que, dès 1849. déclare Wagner ; et, en 1880, il écrit : « Ce n’est que sur le sol inébranlable d’une vraie religion», que l’aspiration à la régénération, et la force nécessaire pour y parvenir, peuvent se développer. C’est précisément dans la religion que se concilient ces contradictions de la joie de vivre et de la connaissance implacable et douloureuse, de l’optimisme et du pessimisme. Mais une nouvelle difficulté se présente : c’est que notre religion même n’a pas échappé à la déchéance universelle, si bien que l’on ne saurait admettre « son application immédiate à la régénération » ; et d’autre "part, cependant, « ce n’est pas à l’artiste à inventer les religions, elles ne sortent que des entrailles du peuple ». Nous voilà donc réduits à un point de départ, qui, — semble dire le maître lui-même, — en somme n’existe pas.
À la fin du chapitre, je reviendrai sur ce point, en cherchant à éclairer le sens de cette apparente contra-