Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/259

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après l’autre, suivant les exigences de l’action dramatique, seule chargée de donner la mesure et la direction… Mais tous ne doivent avoir qu’une seule intention, qui est le drame lui-même. »

Le drame, c’est, en effet, le centre où tout doit converger. Mais l’on peut se demander encore quelle devra être la matière de ce drame idéal et quelles règles spéciales résulteront pour son action dramatique des conditions nouvelles où il aura à se produire. Une première règle en résultera directement : la nécessité de restreindre la matière de l’action dramatique au purement humain. Et du rôle particulier de la musique dans le drame, résultera encore la nécessité pour le dramaturge nouveau de diriger son action beaucoup plus vers l’intérieur, vers le cœur et l’âme de ses personnages, que n’y était tenu l’auteur de drame simplement littéraire.

Mais en dehors de ces deux règles, dont la première seule a une valeur absolue, il n’y en a point d’autre qu’on puisse fixer avec rigueur. En essayant de préciser davantage la théorie de l’action dramatique, on courrait chance d’imposer des limites arbitraires et inutiles à l’infinie variété du génie créateur. C’est ce qui est arrivé à Wagner lui-même, dans son Opéra et Drame. Sous l’impression de son Anneau du Nibelung, qui l’occupait à ce moment, il a indiqué dans son livre comme nécessairement exigées par la définition du drame musical certaines limitations, par exemple la suppression des chœurs, dont il s’est lui-même dégagé dans ses œuvres suivantes. Et il y a encore maintes de ses observations, notamment sur l’emploi du mythe et de la légende, qu’on doit bien se garder de prendre pour des règles absolues. Le seul principe véritable du drame, lui-même l’a nettement formulé,