Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II. — Les Fées et la Défense d’aimer


Les deux œuvres que mentionne ce titre se succédèrent rapidement au début des premières années de voyage de Wagner à travers les scènes allemandes de province. Comme je l’ai dit dans la première partie, les Fées ne furent jamais représentées du vivant du maître, la Défense d’aimer ne le fut qu’une seule fois. Ce furent de vains efforts pour forcer l’accès de la scène ; mais, au point de vue biographique, ces deux œuvres sont surtout de précieux témoignages de l’incroyable élasticité d’esprit de Wagner. On ne peut rien se représenter de plus différent que le romantisme rêveur des Fées et la verdeur comique, parfois presque crue, de la Défense d’aimer. Si Wagner sait être de fer, lorsqu’il s’agit de conserver sa prise sur ce qu’il a reconnu juste, en revanche sa souplesse est merveilleuse, soit pour rechercher le juste, soit dans son don d’adaptation aux situations et aux impressions qu’il s’agit d’exprimer. Il n’y a pas jusqu’au choix du sujet et à la manière dont il est traité, qui ne rendent à peine croyable que la Défense d’aimer soit du même auteur que les Fées et les ait même suivies presque immédiatement ; et cependant, le 1er  janvier 1834, Wagner traçait la dernière ligne des Fées, et le poème de la Défense d’aimer est de mai de la même année. Et la composition musicale des deux œuvres présente un contraste au moins aussi étonnant que leur composition poétique. Au reste, Wagner lui-même écrit : « Qui mettrait en regard la composition de la Défense d’aimer et celle des Fées, aurait peine à croire qu’un semblable changement complet de direction ait pu s’effectuer en si peu de temps ;