Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/291

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la véritable école française, de l’opéra « héroïque » proprement dit, n’avaient complètement disparu de la scène. Par bonheur, nous tenons des propres souvenirs du maître que ce fut spécialement l’impression que lui avait laissée Fernand Cortez, exécuté sous la direction de Spontini en personne, qui l’enflamma et le poussa à écrire Rienzi ; et quant à la musique, il ajoute : « Dans Rienzi, je me laissai déterminer, partout où le sujet ne conditionnait pas à lui seul l’invention, par le mélisme italo-français, comme il s’était révélé à moi surtout dans les œuvres de Spontini ». On peut donc regarder la question comme vidée, car si nous entendons Wagner avouer, avec la candeur et la sincérité qui lui sont propres : « En somme, en écrivant le texte de Rienzi, je n’eus en vue que de faire un livret d’opéra qui se prêtât aux effets ; le grand opéra avec toute sa splendeur scénique et musicale, avec toute la passion, toute la massive opulence de sa musique, voilà ce que je cherchais, » s’il fait, disais-je, cet aveu, encore n’est-ce point chose indifférente de savoir que la « splendeur musicale » et «l’opulence massive et passionnée », que le jeune compositeur a prises pour modèle, étaient celles d’un Spontini et non d’un Meyerbeer. Que si l’on veut, dès lors, apprécier Rienzi à titre d’opéra proprement dit, on doit y reconnaître du moins la dernière œuvre de l’école italo-française de « l’opéra héroïque », et, à raison de la valeur native de son auteur, l’œuvre la plus grande de cette série, sans doute, sinon la plus mûre.

Mais Rienzi n’est pas seulement un opéra. Pour s’en