Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/334

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son épouse et comme sa fille », et, plus tard, elle s’écrie avec une poignante émotion :

J’étais pourtant sur la bonne voie ;
Car, eussè-je eu le choix,
Ce n’est que toi que j’eusse préféré :
Tu étais bien l’époux,
À qui seul je devais décerner le prix !

Cependant, suivons le drame : c’est la veille du grand jour de la Saint-Jean, où cet homme admirable, maître souverain des mots et des sons, doit, par la victoire, entrer superbement, fièrement, en possession de ce dernier et suprême bonheur de sa vie ; aisément, devant le peuple assemblé, il va remporter le prix sur ses cadets, lui, auquel est échue l’impérissable jeunesse du génie. Tout à coup apparaît le jeune chevalier ! Le hasard, la veille, lui a fait rencontrer Éva, à Nuremberg ; ils s’aiment. Pogner, le père d’Éva, a déjà donné sa parole, et ne saurait la reprendre : ce ne sera qu’un maître chanteur qui obtiendra la main d’Éva, et sa victoire de chanteur, seule, la lui donnera. Dès que Sachs voit le jeune chevalier, dès qu’il apprend sa requête d’être admis dans la corporation des maîtres, il comprend tout ; et tandis que les autres maîtres, avec, à leur tête, Beckmesser, qui flaire aussi un rival chez le chevalier, élèvent toute sorte d’objections formelles contre son admission, Sachs, lui, se fait vaillamment le champion du candidat, car sa résolution est prise : Sachs, lui, ne chantera pas !

Ce n’est que grâce à la sagesse de Sachs que toutes les difficultés qui s’opposaient à l’union des deux amants sont enfin surmontées, en dépit de la corporation des maîtres, « et de toute leur école ». On voit