Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/383

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surtout pour les ennoblir : « Que l’homme le plus âgé ne songe point à soi, mais qu’il aime le plus jeune pour l’amour de ce qu’il lui lègue, de la nourriture nouvelle qu’il apporte à son cœur ! », c’est ainsi que s’exprimait l’homme qui a érigé le « Festspielhaus » de de Bayreuth. Et c’est pourquoi, pour nous, Bayreuth n’est pas seulement le lieu où les œuvres du maître ont pu être représentées, mais bien le symbole de tout l’opulent héritage que Wagner a voulu « nous verser dans le cœur ».

On trouve, dans les livres écrits sur Wagner, diverses données sur la genèse de l’idée des Festspiele. Il est aussi superflu qu’impossible de vouloir, en s’appuyant sur des documents, lui assigner une première date : de tout temps, Wagner n’a voulu apporter au théâtre que des représentations présentant toute la perfection possible, autant dire des solennités artistiques, de vraies fêtes en un mot. Au cours de sa biographie, j’ai déjà conté les doléances du directeur de Riga sur les « tourments » que causaient, soit à lui-même, soit à son personnel, les tentatives réitérées de Wagner pour obtenir une exécution impeccable : c’était en 1838, et le maître n’avait alors que vingt-cinq ans. Il est bien évident que l’effort extraordinaire que pareille exigence impose aux exécutants, ne saurait être l’affaire de chaque jour, surtout en matière d’œuvres musicales, demandant le concours minutieux et enthousiaste à la fois de tant de facteurs différents. Voilà pourquoi nous entendons Wagner demander à tout instant que les théâtres restreignent le nombre de leurs représentations, mais qu’en revanche ils n’en donnent que d’excellentes ; pour lui,