Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/388

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du Festspielhaus, se présentaient très clairement, dès cette époque, à l’esprit de Wagner, et il écrit à Liszt, le 30 janvier 1852 : « Les grandes villes et leur public ne sont plus rien pour moi, je ne puis penser à un autre auditoire qu’à une réunion d’amis se rassemblant quelque part pour se familiariser avec mes vues ; ce que j’aimerais le mieux serait un lieu attrayant et solitaire, loin des fumées et des odeurs de l’industrie, loin de notre civilisation citadine : tout au plus pourrais-je penser à Weimar, à coup sûr pas à une ville plus grande. »

Aussi, quand Wagner, en 1862, se vit forcé de consentir à une édition du poème de l’Anneau, il écrivit une préface où la pensée des Festspiele se précisait encore davantage. En dix pages d’impression, la question y était traitée à fond, et comme il ne saurait rentrer dans mon but d’épargner au lecteur l’étude des écrits de Wagner, comme j’aimerais au contraire à l’y engager le plus possible, je le renvoie à cette exposition aussi brève que définitive qu’il trouvera à la fin du sixième volume des Œuvres complètes. L’impossibilité de représenter proprement des œuvres dramatiques comme les siennes dans les théâtres existants, provient, le maître le dit : « du manque absolu de style de l’opéra allemand, et de l’incorrection presque grotesque de ses résultats. » L’influence certaine des Festspiele sur les artistes, qui peuvent, à leur occasion, se rassembler pour l’accomplissement parfait d’une tâche unique, l’impression très grande produite sur un public qui n’arrive pas au théâtre, fatigué de la tâche journalière, pour seulement s’y distraire, mais « se distrait durant le jour, pour se recueillir, le soir venu » tout cela, à Bayreuth, se réalise ; et la prophétie du maître : « Nous ne saurions estimer trop haut l’impression d’un