Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/396

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lement et solennellement déclarer que cette entreprise avait échoué. Par bonheur, quelques amis réussirent à l’empêcher de rendre cet état de choses prématurément public ; entre temps, le secours vint, et du seul côté d’où Wagner en ait jamais reçu en mesure suffisante. Déjà lors de la pose de la première pierre, le roi Louis II avait télégraphié « au poète compositeur allemand, M. Richard Wagner », en ces mots : « Du plus profond de mon âme, très cher ami, je vous exprime mes vœux les plus ardents et les plus sincères, en ce jour si significatif pour l’Allemagne entière. Que votre grande entreprise prospère et soit bénie ! Aujourd’hui, plus que jamais, je vous suis uni en esprit ». Cette fois, et pour parer à l’interruption imminente des travaux, le roi faisait une avance sur sa cassette particulière. Il faut cependant remarquer ici que dans ce cas comme plus tard, alors qu’il s’agit de couvrir le déficit, il ne s’agissait que de l’ouverture d’un crédit ; et, comme les sommes avancées furent assurées et remboursées par la séquestre mis sur les droits d’auteur de Wagner au Théâtre royal de Munich, c’est, en fin de compte, Wagner et nul autre qui a construit le Festspielhaus. — Ce fut pourtant, avec de graves appréhensions que Wagner dut, en 1876, commencer les représentations : « Nos soucis sont lourds », écrit-il, « et, tout considéré, il me semble que c’est folie d’entreprendre des représentations cette année. Nous n’avons encore délivré que 400 diplômes de patronat, et il nous en faudrait 1.300 pour nous tirer d’affaire. À vrai dire, l’entreprise projetée à l’origine a complètement échoué » !

En 1875, du 1er  juillet au 12 août, avaient eu lieu des répétitions préparatoires, et ce fut le 1er  août de cette année que l’orchestre se fit, pour la première fois, entendre du sein de « l’abîme mystique ». En 1876,