espoir pour l’avenir ne reposait que dans les artistes, et dans eux seuls ». On ne saurait le répéter trop haut, les artistes allemands, en donnant à Wagner leur adhésion fidèle, unanime, enthousiaste, ont sauvé l’honneur du peuple allemand tout entier. Quant aux écrivailleurs, cette race dont Beethoven s’écrie dans sa colère : « Beaucoup de bavardages sur l’art, mais de bavardages que pas un acte n’accompagne ! ! ! », quant au dommage que ces écrivailleurs ont fait, dommage qu’a malheureusement toléré le peuple allemand dans sa crédulité, dans sa mollesse et dans sa tiédeur, les artistes se sont chargés de le réparer.
Ils se sont, d’emblée, tellement identifiés à la cause de Wagner, qu’ayant eu part à la peine, ils ont droit à l’honneur. Et qu’on n’oublie pas tout ce qu’alors il fallait de courage pour se ranger sous son drapeau ; qu’on n’oublie pas que ces artistes avaient devant eux « une tâche absolument nouvelle, difficile, ardue », si bien qu’ils devaient se préparer à un travail énorme ; qu’on n’oublie pas que le dédommagement que leur offrait Bayreuth n’était que d’honneur, sans l’appât d’un gain quelconque ; qu’on se souvienne que ces braves gens attiraient sur eux l’inimitié de la presse, dont ils sont pourtant si dépendants…
Mais quand il s’agit de citer des noms, c’est une autre affaire. En 1876, il n’y avait plus ni un Schnorr de Carosfeld, ni une Wilhelmine Schroeder-Devrient, ni un Tausig, ni un Bülow. Il serait contraire au goût de le nier, et ce serait, de plus, offenser la majesté du vrai génie. Au reste, ce fait ne nuisit peut-être pas tant aux premiers Festspiele. Rien n’est plus contraire au caractère artistique allemand que le régime des « étoiles » ; peut-être même la génialité ardente presque orageuse, d’un Tausig, par exemple, ne se fût-elle