Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/404

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surtout, sur la scène de Bayreuth, furent de vraies révélations. Le maître lui-même avait déclaré ne les avoir jamais vu représenter « comme il se les était imaginées » ; il se plaignait que toujours et partout « le drame fût négligé comme superflu », que la popularité de ces œuvres ne reposât que « sur un malentendu », ou du moins « sur une compréhension absolument erronnée de ses vraies vues artistiques ». Mais à Bayreuth, on travailla si consciencieusement à faire ressortir la partie dramatique de l’ouvrage, chose nécessaire, en particulier, pour les œuvres antérieures à 1848, où, au dire de Wagner, il reste encore « un peu d’opéra », qu’on put voir pour la première fois comment le « maître se les était imaginées ». Si l’Anneau, en 1876, avait révélé le caractère et la viabilité de l’idée des Festspiele ; si Parsifal, pour répéter la définition si vraie et si fine du maître, avait « consacré » la scène de Bayreuth pour de futurs succès et pour une grandissante influence ; si Tristan et les Maîtres Chanteurs avaient affirmé la victoire remportée par Bayreuth sur tous les autres théâtres du monde, et cela de façon tellement indiscutable que tous les amis de l’art accouraient à chaque Festspiele, de tous les pays du globe, les représentations de Tannhäuser et de Lohengrin ont eu, d’autre part, un résultat spécial : elles nous ont fait pénétrer plus intimement et plus profondément dans l’essence individuelle de l’art de Wagner ; elles nous ont infiniment rapprochés de ces œuvres, datées