à son ardent patriotisme, qu’on écoute le récit de quelques traits de sa tendresse pour les animaux[1], qu’on relise les innombrables passages de ses écrits où il est question d’amour et de pitié, qu’on prête l’oreille aux accents ineffables dont il a su, dans ses œuvres musicales, traduire ces affections, qu’on reprenne enfin ses lettres les plus intimes, et l’on pourra se convaincre de la soif d’amour qui le possédait, de ce long cri d’appel que, dans l’isolement fatal et terrible du génie, « comme le cerf qui brame vers les eaux courantes », il poussait vers tout ce qui pouvait étancher cette soif.
Dans une lettre à Roeckel, lettre où il parle de sa gloire grandissante, et déclare qu’elle ne lui donne aucune vraie satisfaction : « Si j’étais vain ou orgueilleux », ajoute-t-il, « combien heureux je pourrais me sentir ! » — Une seule chose, dit-il, encore le console, c’est que : « On ne m’admire pas seulement, mais on m’aime ; là où la critique cesse, l’amour commence, et il a amené bien des cœurs à moi. »
Une dernière remarque, et j’en aurai fini avec les considérations auxquelles m’a entraîné l’attitude hostile des critiques de profession à l’égard de Wagner. C’est justement par rapport à lui qu’on a si souvent insisté sur la nécessité de distinguer entre l’artiste et l’homme ; je ne veux pas examiner ici ce que ce point de vue peut avoir de fondé, je veux simplement m’y placer et admettre la légitimité de cette distinction. Je dis que si, chez Wagner, nous voulons séparer l’homme de l’artiste, on comprend que les opinions varient sur celui-ci, mais qu’elles ne sauraient différer
- ↑ Voir le livre de M. H. de Wolzogen : Richard Wagner et les animaux.