Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/74

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pouvait seule écarter ; d’autre part, chez l’homme, chez Wagner, la conviction de plus en plus profonde de l’imminence d’une crise telle que la politique seule ne saurait la conjurer et qu’il y faudrait le dictame d’une régénération radicale et complète. On remarquera que, dans l’un comme dans l’autre de ces deux points de vue, la négation franche et nette s’accompagne d’une affirmation tout aussi énergique. Wagner ne saurait servir deux maîtres, et la condamnation de ce qu’il croit mauvais ne fait qu’un, pour lui, avec la volonté du bien ; s’il abat d’une main, il reconstruit de l’autre.

La catastrophe de Dresde fut vraiment son salut : « Proscrit, persécuté, il se sentait dégagé de tout lien avec un mensonge quelconque ». Dès lors, il pouvait librement proclamer à la face du monde ce qui pour lui était devenu une foi, la plus sacrée de toutes, et bientôt il le fit, en écrits enflammés.

Cette émancipation morale, il y parvint au moment précis où, par l’abandon des dernières illusions, il en était devenu digne. Et ce moment coïncide, au propre comme au figuré, avec le milieu mathématique de sa vie.