Page:Chambre des députés, session 1840-1841, séance du 25 janvier, paru dans le Moniteur universel du 26 janvier 1841.djvu/21

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ment, du moins quant à présent, pour poser la question, pour la poser dans les termes les plus formels, les plus pressants. J’ai eu surtout à cœur de démontrer qu’il dépendait du ministère d’obtenir un résultat satisfaisant, un résultat considérable, sans être réduit à la triste extrémité de s’allier à ses adversaires contre une partie de ses plus dévoués et de ses plus fidèles amis. Il comprend mieux que moi que, dans le Gouvernement représentatif, les victoires qu’on obtient à un pareil prix sont des victoires funestes. Assurément, c’est à nous à faire des avances au Gouvernement, à lui faire quelques concessions ; mais je viens lui demander un terrain sur lequel nous puissions honorablement combattre avec lui et pour lui. Bien ! bien !


M. GUIZOT ministre des affaires étrangères. Messieurs, la discussion se prolonge, et cependant, si je ne m’abuse, la perplexité de la chambre continue. Avant-hier, un honorable membre, M. de Rémusat, attribuait cette perplexité à de bien petites causes, à des méfiances de personnes, à des misères parlementaires. Je crois qu’il se trompe, et que la disposition de beaucoup de bons esprits dans la chambre a des causes plus sérieuses. La chambre croit à l’utilité, à la nécessité de la mesure qu’elle discute. Elle a des doutes, des inquiétudes sur ses résultats ; elle n’en prévoit pas clairement la portée et les effets ; elle craint que cette mesure ne devienne l’instrument d’une politique autre que celle qu’elle approuve et veut soutenir. Elle craint d’être entraînée dans une politique turbulente, belliqueuse, contraire à cette politique de paix, de civilisation tranquille et régulière qu’elle a proclamée et appuyée. Voilà la vraie cause de la perplexité et des inquiétudes de la chambre. Adhésion au centre.

Si ces inquiétudes étaient fondées, messieurs, nous aurions, nous, un bien grand tort ; car, nous voulons comme la chambre la politique de paix, de conservation, de civilisation tranquille et régulière. C’est au profit de cette politique, et pour la servir, c’est autour de cette civilisation, et pour la protéger, que nous voulons élever les fortifications que nous vous demandons. Nous serions impardonnables si nous nous trompions en pareille matière. Mais nous sommes convaincus que le projet de loi, bien loin de contrarier la politique du cabinet et de la majorité de la chambre, confirme, soutient, fortifie cette politique, et c’est pour cela, et non pour aucun autre motif, que nous l’avons présenté et que nous l’appuyons.

Si, dans ce projet, qu’on a appelé un héritage du cabinet précédent, nous eussions entrevu aucun des dangers, aucun des maux qu’on y a signalés, nous ne l’aurions pas accepté ; nous savons répudier les héritages qui ne nous conviennent pas. Nous n’acceptons que les mesures conformes à notre politi-