Page:Chambre des députés, session 1840-1841, séance du 25 janvier, paru dans le Moniteur universel du 26 janvier 1841.djvu/24

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rellement à la suite des invasions, une agitation patriotique qui préoccupe fortement les imaginations.

En Europe, la même cause a laissé des espérances, des idées d’invasion facile.

Au milieu de la prépondérance de la politique de la paix en Europe, il y a partout, messieurs, ne vous y trompez pas, un parti belliqueux, un parti qui désire la guerre.

Il est très-faible, j’en suis convaincu ; il ne prévaudra pas. Mais enfin il existe, il faut bien en tenir compte.

Eh bien, c’est dans ce parti que le souvenir des invasions a laissé des espérances présomptueuses contre lesquelles il importe de se prémunir.

La mesure que vous discutez a pour effet de rassurer les imaginations en France, de les refroidir en Allemagne. Très-bien.

Elle a pour effet de donner à la France la sécurité qui lui manque dans sa mémoire, et d’ajouter pour l’Europe, à la guerre contre la France, des difficultés auxquelles l’Europe ne croit plus assez. Voilà, messieurs, le véritable effet moral de la mesure. Elle laissera les esprits en France et en Europe dans une disposition autre que celle où ils sont aujourd’hui. Elle nous tranquillisera, nous ; elle fera tomber les souvenirs des étrangers. Très-bien !

La mesure a quelque chose de plus important encore, quelque chose de plus grand, et qui la caractérise encore plus fortement comme politique de paix.

On a beaucoup parlé de guerres d’invasion. Messieurs, les guerres d’invasion, de nos jours, sont des guerres de révolution. Mouvements divers. C’est au nom de l’esprit et des tendances révolutionnaires que les guerres d’invasion ont lieu. Quand la convention s’est trouvée en guerre avec l’Europe, pourquoi est-elle allée sur-le-champ dans les capitales, à Turin, à Rome, à Naples, à Bruxelles, à la Haye ? Pour changer les gouvernements, pour faire de la propagande républicaine. Elle a bien compris qu’il fallait viser sur-le-champ à la tête des sociétés avec lesquelles elle était en guerre. Elle est allée dans les capitales pour renverser les gouvernements.

Par d’autres causes, l’empire a continué le même système.

Là où la convention voulait ériger des républiques, l’empire voulait élever des trônes, des dynasties. Mais la guerre d’invasion a presque toujours été une guerre destructive des gouvernements, faite non dans l’intérêt de telle ou telle question de territoire, de tel ou tel avantage commercial, de tel ou tel intérêt national, mais comme une guerre à mort. Eh bien, messieurs, croyez-vous donc que ce soit une chose indifférente que de mettre un terme, ou du moins d’ajouter de grands obstacles à ce caractère révolutionnaire et destructif des guerres modernes ? Croyez-vous donc qu’il soit indifférent, en mettant les capitales hors de cause, de mettre pour ainsi dire