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Page:Chambre des députés, session 1840-1841, séance du 25 janvier, paru dans le Moniteur universel du 26 janvier 1841.djvu/26

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Il y avait pour cela des raisons financières, des raisons de bonne exécution, mais aussi des raisons politiques. Nous avons pensé que nous ne devions pas avoir l’air pressé. Nous ne nous croyons point menacés actuellement en Europe ; nous n’avons pas voulu en avoir l’air. Nous n’avons pas voulu non plus avoir l’air menaçant. (Très-bien !) Nous sommes convaincus que nous avons le temps, tout le temps d’exécuter tranquillement et raisonnablement ces travaux. La précipitation, la crainte, la menace, l’inquiétude seule, nous n’avons pas voulu en accepter l’apparence. C’est là la raison politique qui nous a déterminés à étendre à cinq ans l’exécution des travaux. (Nouvelles marques d’adhésion.)

Messieurs, dans les circonstances actuelles, après ce qui s’est passé depuis un an en Europe, j’ai envie de répéter l’expression dont se servait tout à l’heure mon honorable ami, M. de La Tournelle : « C’est une bonne fortune qu’une telle mesure à adopter. » (Mouvement.)

Je vous le disais tout à l’heure, l’Europe a besoin d’être rassurée sur les dispositions de la France à la paix ; l’Europe se souvient de l’esprit belliqueux, conquérant, qui a régné si longtemps en France. L’Europe le redoute ; elle a besoin d’être rassurée. Et en même temps, au moment où vous pratiquez la politique de la paix, où vous la pratiquez dans les circonstances difficiles, vous avez besoin, vous, de faire preuve de vigilance pour votre propre force, de soin pour votre propre dignité.

J’envie quelquefois les orateurs de l’opposition. Quand ils sont tristes, quand ils sympathisent vivement avec les sentiments nationaux, ils peuvent venir ici épancher librement leur tristesse, exprimer librement toutes leurs sympathies. Messieurs, des devoirs plus sévères sont imposés aux hommes qui ont l’honneur de gouverner leur pays. Quand le pays a besoin d’être calmé, il n’est pas permis aux hommes qui gouvernent de venir exciter en lui, même les bons sentiments qui l’irriteraient et le compromettraient.

Quand le pays a besoin d’être rassuré, il faut venir à cette tribune avec fermeté et confiance. Il ne faut pas se laisser aller à des récriminations, à des regrets. Il y a des tristesses qu’il faut contenir pendant que d’autres ont le plaisir de les répandre. (Marques très-vives d’approbation.) Nous n’avons pas hésité, nous n’hésiterons jamais à accomplir ce devoir. Je ne sais ce que nous ferions si nous étions sur les bancs de l’opposition ; mais ici, dans les circonstances actuelles, nous ne viendrons pas parler des passions patriotiques en même