Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/131

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Il n’a pu renverser tes cimes immobiles ;
Elles sont toujours là, blanches, dans le ciel bleu,
Pareilles à des sœurs aux cœurs fiers et tranquilles,
Montant dans l’infini pour s’approcher de Dieu.

Il n’a fait qu’effleurer tes lacs aux flots limpides ;
Tu leur souris toujours de tes sommets altiers,
Qui se mirent, parés d’auréoles humides,
Dans l’onde harmonieuse expirant à tes pieds.

Il n’a rien su changer à tes verts pâturages
Où l’on voit les troupeaux passer en liberté,
Réveillant les échos des agrestes alpages
Par leurs cloches au son maintes fois répété.

Et les pâtres joyeux errant dans la prairie,
De leurs voix aux accents fiers et mélodieux
Redisent un vieil air tout plein de rêveries,
Qui se perd en montant dans l’infini des cieux…

Rien n’a changé !… Pourtant, si tu restes la même,
Tous ceux qui t’ont reprise aux pouvoirs ennemis