Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/142

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Tous les vieux paysans assis devant leur porte,
Devisent sur leurs champs, sur le temps qu’il fera :
Le raisin claire un peu, la récolte est très forte ;
On aura de l’argent, lorsque l’hiver viendra.

Les jeunes filles vont promener sous les saules,
Marchant toutes de front en se donnant la main,
Tandis que les beaux gars aux robustes épaules
Malicieusement leur barrent le chemin.

Chacun voudrait pouvoir retenir sa chacune,
Ce sont de gais assauts qui n’en finissent pas,
De longs éclats de voix, des rires, et la lune,
Qui passe dans le ciel, sourit à ces ébats.

Et les bœufs tachetés, couchés dans l’écurie,
Ruminent lentement leur provende du soir,
Pendant que leurs grands yeux tout pleins de rêverie
Errent dans l’ombre épaisse et regardent sans voir.


Bevaix, 20 septembre 1881.