Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/156

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Avec l’acre senteur des superbes fougères,
Avec les grands sapins aux aiguilles légères,
   Semble un palais vermeil.

Je suis de ces rêveurs que la nature enchante,
Qui préfèrent, dans l’ombre, un rossignol qui chante,
   Aux concerts des cités ;
Qui, d’une étoile d’or s’élevant dans la brune,
D’un vieux clocher qui luit sous un baiser de lune,
   Se sentent transportés.

Je suis de ces rêveurs que la nature enivre,
Qui veulent lire en elle ainsi que dans un livre
   Aux autres cœurs fermé ;
Séduits par un insecte aux élytres dorées.
Par une fleur nouvelle, aux profondeurs nacrées,
   Au calice embaumé.

Je suis de ces rêveurs affamés de chimères,
Qui s’en vont, oubliant les tristesses amères,
   Errer dans le ciel bleu,
Et poursuivre un nuage étrange qui s’efface,
Un astre rayonnant qui sillonne l’espace
   Comme un serpent de feu.