Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/190

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Quel était l’inconnu qui ferait cette chose ?
Je ne le savais pas, mais pourtant je suppose
Que je parais son front d’un nimbe radieux :
Ce serait un seigneur, une fée adorable,
Une belle princesse assise sur le sable…
Et je sentais mon cœur tressaillir anxieux.

Et tous les jours suivants, pleine de confiance,
J’attendais la réponse avec impatience…
Mais, hélas ! mon bateau n’est jamais revenu,
Et je cherchais en vain, dans l’éloignement vague,
Espérant chaque jour voir enfin sur la vague,
Mes vaisseaux revenant du pays inconnu !

Jeux naïfs de l’enfance !… Il se peut qu’on en rie !
Mais j’aime l’infini, j’aime la rêverie
Qui mêle au terre à terre un peu de merveilleux ;
J’aime à quitter souvent l’existence réelle,
Fût-ce, comme autrefois, pour suivre une nacelle
Qui vacille et se perd sur le flot onduleux.


31 mars 1882.