Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/195

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Que l’aiguillon du maître et les gros mots qu’il pousse
Quand leurs pas ralentis s’attardent un instant…

Et le noble coursier, dont le vol magnifique
Effleurait en passant les astres radieux,
Doit remplir, enchaîné, ce travail prosaïque,
Et, triste, se courber sous un joug odieux.

Ah ! n’est-ce donc pas là ton image, ô génie,
Toi que ton aile d’or veut emporter au ciel,
Parmi ces régions d’où la sainte harmonie
Te jette les accents de son mystique appel !

Tu ne peux lui répondre et t’élancer vers elle,
Tu ne peux t’abîmer dans l’azur étoilé,
Tu ne peux, indomptable et sauvage rebelle,
Poursuivre ton désir et ton rêve envolé !

Ô malheureux captif en des chaînes cruelles,
Qui d’air et de clarté seras toujours épris,
Comme Pégase aussi tu sens frémir tes ailes,
Et sur le sol obscur tu restes incompris !