Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/202

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Ces notes de ta main écrites jour par jour,
Alors que tu voyais s’éloigner le secours,
Lorsque, sachant déjà le salut impossible,
Tu devais, un à un, sur ce chemin terrible,
Voir tes meilleurs amis abattus par la mort,
Et que tu t’éloignais, non sans avoir encor
Mis sur l’isolement de leur heure dernière
Un suprême rayon d’amour et de prière !…

Tu n’as pas exprimé tout ce que tu souffris ;
Il faut savoir le lire entre les mots écrits !…
Pourtant, ni la douleur, ni l’horreur infinie
De cette journalière et sinistre agonie
N’ont vaincu ton courage et fait trembler ta foi…
Àme vaillante et forte, honneur ! honneur à toi !

Ainsi tous, hier obscurs, mais aujourd’hui célèbres,
Ils demeurèrent grands dans ces heures funèbres ;
Et quand mon cœur les cherche en leur repos profond,
S’ils se montrent à moi, c’est l’auréole au front.

Oh ! voir comme ils ont vu la mort impitoyable
S’approcher, et garder l’espérance ineffable !