Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/214

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C’est alors qu’affranchi de tout lien funeste,
Il plane et va se perdre en l’espace céleste :
La journée est si brève, ah ! laissez moi songer !

Ah ! laissez-moi pleurer ! L’existence est si dure !
De tout ce que l’on aime ici-bas, rien ne dure !
Dans l’éternelle nuit, hélas ! tout doit sombrer ;
Il faut voir, dans la lutte inégale et suprême,
Le trépas engloutir tous les êtres qu’on aime :
L’existence est si dure, ah ! laissez-moi pleurer !

Ah ! laissez-moi prier ! l’espérance console ;
Au front de la douleur elle met l’auréole
Qui rend l’âme plus forte et lui fait oublier,
En lui montrant le ciel, les larmes de la terre ;
C’est l’étoile qui luit pour l’âme solitaire :
L’espérance console, ah ! laissez-moi prier !


Bevaix, 27 septembre 1882.