Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/26

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résolue à ne point imprimer ses poésies avant l’âge de trente ans ; c’était une loi qu’elle s’était faite. Elle n’a pas craint, il est vrai, de participer à différents concours poétiques et de publier quelques vers dans des recueils où elle se trouvait en nombreuse compagnie ; mais une pudeur aujourd’hui assez rare, jointe à un besoin très vif de perfection artistique, l’empêchait d’affronter seule le jugement d’un public peu indulgent aux jeunes écrivains trop pressés de solliciter ses suffrages.

Cette retenue m’a toujours semblé un signe de véritable supériorité : savoir attendre, laisser mûrir son talent dans le recueillement et le travail, c’est une grande force, c’est même une des conditions du génie, qui, en ce sens, est bien « une longue patience ».

La publication des poésies d’Alice de Chambrier serait-elle donc une sorte de trahison envers cette noble et touchante mémoire ? – Non. Maintenant qu’elle n’est plus — ou mieux, maintenant qu’elle est ailleurs — les siens ne