Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/41

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tés, la manière d’aucun des poëtes contemporains. Cependant, si elle eut, en dehors de son propre rêve, un idéal poétique, ce fut bien Victor Hugo, dont elle aimait par-dessus tout les conceptions gigantesques et le lyrisme éblouissant.

Cette vie si simple, si consacrée à tout ce qui est beau, se partageait entre la ville et la campagne. À Neuchâtel, la jeune fille travaille sans relâche, ce qui ne l’empêche pas de prendre part, avec tout l’entrain de son âge, aux plaisirs d’une société où chacun l’aime pour sa gentillesse et son enjouement ; à Bevaix, durant les longs jours d’été, elle donne son temps à l’étude, à la promenade, aux occupations rustiques. C’est qu’en effet elle ne se laissait point absorber par le talent dont elle était douée ; il importe même de le dire, pour prévenir toute méprise : elle n’avait rien de ce qui rend facilement désagréable la femme auteur, aucun étalage de ses prédilections, aucun ton de supériorité, point d’airs revêches ou penchés, point