Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/72

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Là est l’unité de ce recueil. On y peut contempler à plein cette âme limpide et ce noble cœur. Et précisément parce qu’elle s’y reflète tout entière, cette sincérité parfaite éclate jusque dans la forme et la facture de ses vers. Cette poésie, si intimement vécue et sentie, n’est point née des caprices du cœur, des orages de la passion ou des déceptions de la vanité ; c’est l’expansion d’une âme dépaysée en quelque sorte ici-bas, et à laquelle il tarde, suivant sa propre expression, de « s’enfuir dans l’éternité ». Une poésie pareille était naturellement préservée de l’affectation et de la mièvrerie ; elle atteint sans recherche à l’éclat. On y sentira souvent de l’inexpérience, mais non cet entortillement qui se remarque volontiers chez les débutants. Alice de Chambrier avait trouvé d’instinct le vers viril et ferme qui convenait à l’élévation de sa pensée.

Sa tristesse même demeure digne et contenue, et ne glisse jamais dans la sentimentalité et la manière ; si ses vers n’étaient pas signés,