Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/112

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Voilà deux vers qui ne dépareraient pas le poème écrit du style le plus haut et le plus soutenu.

V. 40. Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps.

Les souffleurs, c’est-à-dire les alchymistes, dont la science est à la chymie ce que l’astrologie judiciaire est à l’astronomie.

FABLE XIV.

V. 2. Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?

Ce vers est devenu proverbe à cause de son extrême naturel, sans qu’on puisse voir d’ailleurs ce qui a fait sa fortune.

V. 29. Et d’où me vient cette vaillance ?

Il se croit déjà brave, et son amour-propre devient son consolateur. Voilà ce me semble la pensée dont il fallait achever le développement ; et c’est ce que l’auteur ne fait pas. Au contraire, le lièvre qui vient de parler de sa vaillance, parle de sa poltronnerie dans les deux derniers vers. On pourrait, pour sauver cette faute et cette contradiction, supposer que le lièvre finit de parler après ce vers :

Je suis donc un foudre de guerre ?


et que c’est La Fontaine qui dit en son propre nom les deux vers suivans ; mais cette conjecture n’est pas assez fondée.

FABLE XV.

Il fallait ce me semble que le renard commençât par dire au coq : « Eh ! mon ami, pourquoi n’étais-tu pas aux fêtes qu’on a données pour la paix qui vient de se conclure ? » Dans ces vers, nous ne sommes plus en querelle, le renard n’a l’air que de proposer la paix.

V. 17.    Que celle
De cette paix.

Ces deux petits vers inégaux ne sont qu’une pure négligence, et ne font nullement beauté.