Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/12

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la charmante comédie du Marchand de Smyrne. Ce fut à cette époque que Chabanon lui fit accepter la pension de douze cents livres qu’il avait sur le Mercure de France. Chamfort employa ce don de l’amitié à faire les frais d’un voyage à Contrexeville, pour y prendre les eaux et achever sa guérison.

L’académie de Marseille avait proposé pour sujet de prix l’Éloge de La Fontaine. M. Necker, qui savait que La Harpe avait concouru, ajouta une somme de 2,400 livres, ne doutant pas que l’ouvrage de La Harpe ne fût couronné. Il en fut autrement ; Chamfort, excité par les circonstances piquantes qui accompagnaient la couronne proposée, entreprit de l’enlever, et y réussit. Les deux ouvrages imprimés eurent, devant le public, le même sort qu’à l’académie de Marseille : on en porte encore aujourd’hui le même jugement ; et celui de Chamfort est resté comme lui des morceaux les plus précieux que le genre de l’éloge nous ait fournis. Le commentaire sur les Fables de La Fontaine prouve d’ailleurs avec quelle attention Chamfort avait étudié notre fabuliste.

Il ne pouvait travailler que dans les intervalles de santé que la maladie lui laissait. Il espéra que les eaux de Barrège seraient plus efficaces que celles de Contrexeville ; mais, à défaut de santé, il y trouva plusieurs dames de la cour, qui prirent un goût particulier à sa conversation ingénieuse et piquante. À son retour, la duchesse de Gram-