MAXIMES ET PENSÉES.
CHAPITRE PREMIER.
Maximes générales.
Les maximes, les axiomes sont, ainsi que les
abrégés, l’ouvrage des gens d’esprit qui ont travaillé,
ce semble, à l’usage des esprits médiocres
ou paresseux. Le paresseux s’accommode d’une
maxime qui le dispense de faire lui-même les observations
qui ont mené l’auteur de la maxime
au résultat dont il fait part à son lecteur. Le paresseux
et l’homme médiocre se croient dispensés
d’aller au delà, et donnent à la maxime une généralité
que l’auteur, à moins qu’il ne soit lui-même
médiocre (ce qui arrive quelquefois), n’a pas prétendu
lui donner. L’homme supérieur saisit tout
d’un coup les ressemblances, les différences qui
font que la maxime est plus ou moins applicable
à tel ou tel cas, ou ne l’est pas du tout. Il en est
de cela, comme de l’histoire naturelle, où le désir
de simplifier a imaginé les classes et les divisions.
Il a fallu avoir de l’esprit pour les faire ; car il a
fallu rapprocher et observer des rapports : mais le