Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— La générosité n’est que la pitié des âmes nobles.

— Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne : voilà, je crois, toute la morale.

— Pour les hommes vraiment honnêtes, et qui ont de certains principes, les commandemens de Dieu ont été mis en abrégé sur le frontispice de l’abbaye de Thélême : Fais ce que tu voudras.

— L’éducation doit porter sur deux bases, la morale et la prudence : la morale, pour appuyer la vertu ; la prudence, pour vous défendre contre les vices d’autrui. En faisant pencher la balance du côté de la morale, vous ne faites que des dupes ou des martyrs ; en la faisant pencher de l’autre côté, vous faites des calculateurs égoïstes. Le principe de toute société est de se rendre justice à soi-même et aux autres. Si l’on doit aimer son prochain comme soi-même, il est au moins aussi juste de s’aimer comme son prochain.

— Il n’y a que l’amitié entière qui développe toutes les qualités de l’âme et de l’esprit de certaines personnes. La société ordinaire ne leur laisse déployer que quelques agrémens. Ce sont de beaux fruits, qui n’arrivent à leur maturité qu’au soleil, et qui, dans la serre chaude, n’eussent produit que quelques feuilles agréables et inutiles.

— Quand j’étais jeune, ayant les besoins des passions, et attiré par elles dans le monde, forcé de chercher, dans la société et dans les plaisirs,