Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/171

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la France, dans les âges snivans, n’eût pas joui de la prospérité qui lui est réservée, et le bonheur de nos descendans n’eût pas été, comme il le sera sans doute, proportionné aux souffrances de leurs aïeux.

Après l’affranchissement des communes ( car nous ne remonterons pas plus haut, le peuple était serf, et les esclaves n’ont point d’histoire ), à cette époque, les Français sortirent de leur abru- tissement ; mais ils ne cessèrent pas d’être avilis. Un peu moins opprimés, moins malheureux, ils n’en furent pas moins contraints de ramper devant des hommes appelés nobles et prêtres qui, depuis si long-’.emps, formaient deux castes privilégiées. Seulement quelques individus pa’venaient, de loin en loin, à s’élever au-dessus de la classe oppri- mée, par le moyen de l’anoblissement; inven- tion de la politique ou plutôt de l’avarice des rois, qui vendirent à plusieurs de leurs sujets nommés roturiers quelques-uns des droits et des privilèges attribués aux nobles. Parmi ces privilèges, était l’exemption de plusieurs impots avilissans, dont la masse, croissant par degrés, retombait sur la nation contribuable, qui voyait ainsi ses oppres- seurs se recruter dans son sein, se perpétuer par elle, et les plus distingués de ses enfans passer parmi ses adversaires. Le droit de conférer la noblesse, elles abus qui en résultèrent, devinrent le fléau du peuple pendant plusieurs générations successives. Des guerres continuelles, les noU’