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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/27

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l6 ŒUVRES

— Le curé de Saint-Sulpice étant allé voir ma- dame de Mazarin pendant sa dernière maladie, pour lui faire quelques petites exhortations, elle lui dit en l’apercevant :« Ah î M. le curé, je suis enchantée de vous voir; j’ai à vous dire que le beurre de l’Enfant -Jésus n’est plus à beaucoup près si bon : c’est à vous d’y mettre ordre, puis- que VEnfant Jésus est une dépendance de votre église. f>

— Je disais à M. R...., misantrope plaisant, qui m’avait présenté un jeune homme de sa connais- sance : «Votre ami n’a aucun usage du monde, ne sait rien de rien. — Oui, dit-il; et il est déjà triste, comme s’il savait tout. »

— M.... disait qu’un esprit sage, pénétrant et qui verrait la société telle qu’elle est, ne trouve- rait partout que de l’amertume. Il faut absolument diriger sa vue vers le côté plaisant, et s’accoutu- mer à ne regarder l’homme que comme un pantin, et la société comme la planche sur laquelle il saute. Dès-lors, tout change : l’esprit des différens états? la vanité particulière à chacun d’eux, ses diffé- rentes nuances dans les individus, les friponne- ries, etc., tout devient divertissant, et on conserve sa santé.

— « Ce n’est qu’avec beaucoup de peine, disait M...., qu’un homme de mérite se soutient dans le monde sans l’appui d’un nom, d’un rang . d’une fortune : l’homme qui a ces avantages y est, au contraire, soutenu comme malgré lui-même. Il y