Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/40

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DI-; en AM FORT. 29

ai appris à friponner. Sans moi, que seraient B...., D...., N....? (Ils vivent tous ). Enfin, mon- sieur, jugez de l’excès de mon avilissement : pour vivre, je suis espion de police.»

— Un banquier anglais, nommé Ser ou Sair, fut accusé d’avoir fait une conspiration pour en- lever le roi (George m ), et le transporter à Phi- ladelpliie. Amené devant ses juges, il leur dit : « Je sais très-bien ce qu’un roi peut faire d’un banquier, mais j’ignore ce qu’un banquier peut faire d’un roi.»

— On disait au satirique anglais Donne : «Tonnez sur les vices ; mais ménagez les vicieux. — ■ Com- ment, dit-il, condanmer les cartes, et pardonner aux escrocs ? »

— On demandait à M. de Lauzun ce qu’il répon- drait à sa femme (qu’il n’avait pas vue depuis dix ans), si elle lui écrivait : « Je viens de découvrir que je suis grosse.» Il réfléchit, et répondit : « Je lui écri- rais : je suis charmé d’apprendre que le ciel ait enfin béni notre union; soignez votre santé; j’irai vous faire ma cour ce soir. »

— Madame de IL... me racontait la mort de M. le duc d’Aumont, « Cela a tourné bien court, disait-elle ; deux jours auparavant, M. Bouvard lui avait permis de manger, et le jour même de sa mort, deux heures avant la récidive de sa para- lysie, il était comme à trente ans, comme il avait été toute sa vie ; il avait demandé son perroquet, avait dit : Brossez ce fauteuil, voyons mes deux