Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/407

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ginois qui possédaient encore des élablisseniens dans File, et préparait ainsi les usurpations et la la grandeur de Denis, son gendre ; tyran bizarre, avide de conquêtes et recherchant les philosophes ; inégal dans le développement de ses talens poli- tiques et militaires ; épris de la gloire, et se dés- honorant par des cruautés gratuites ; méditant une descente à Carthage et mourant de joie du succès d’une tragédie.

Denis le jeune, autre tyran, indigne même de son père, offre le tableau affligeant d’un prince qui, né avec d’heureuses dispositions, appelle d’abord autour de lui la philosophie et les arts, les exilant bientôt à la voix des flatteurs, vendant Platon pour s’en défaire, se livrant ensuite à tous les vices de la fortune ; enfin, chassé deux fois pendant un règne qui ne fut qu’une longue guerre contre ses peuples. Dans l’état où était réduite Syracuse, déchirée au-dedans, menacée au-dehors, affaiblie par des passages violens du despotisme à l’anarchie et de l’anarchie au despotisme, elle tourne les yeux vers Corinthe, son ancienne métropole, et demande, par des ambassadeurs, des secours contre ses tyrans domestiques et ses ennemis étrangers, les Carthaginois.

Corinthe possédait un citoyen qui, après avoir servi sa patrie dans la guerre et dans la paix, n’aspirait, depuis vingt-ans, qu’à se faire oublier d’elle. Il avait caché dans un désert sa mélancolie et son désespoir plulôt que ses remords. Timoléon