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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/435

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4’l4 ŒUVRES

iavoir négocié secrètement avec Michel Paléo- logiie, empereur d’Orient, et Pierre d’Aragon, il s’était rendu, sous un habit de moine, auprès du pape Nicolas tu, qui l’avait reçu comme un am- bassadeur de l’Espagne et de l’Empire. Revenu en Sicile sous ce même déguisement, il s’occupait tilors à soulever les peuples, et préparait les es- prits à la révolte, pendant que Michel et Pierre, sous différens prétextes, levaient des troupes et équipaient des flottes. Tout était concerté, cpiand un événement imprévu hâta la révolution prépa- rée par une ligue de rois, et lui donna l’appa- rence d’une émeute populaire.

Le 29 mars 1282, à l’heure de vêpres, un ha- bitant violait une Sicilienne. Aux cris de cette femme., îe peuple accourt en foule. On massacre le coupable ; c’est un Français. Ce nom réveille la haîne ; les têtes s’échauffent ; on s’arme de toutes parts. A l’instant, dans les rues, dans les places publiques, au sein des maisons, au pied des autels, hommes, femmes, enfans, vieillards, huit mille Français sont égorgés. Palerme nage dans le sang.

Cette horrible boucherie est le signal de la ré- volte. Toute l’île est sous les armes, et tout ce qui porte le nom français est immolé. Ainsi finit la domination française, chez un peuple qui venait de voir massacrer ses deux derniers rois par un frère de Saint-Louis.

Les historiens qui tracent avec les couleurs les