Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/115

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DE CHAMFORT. III

dinaux, à toute cette milice des papes, habituée à manier les armes de la superstition ? Voilà ce qui prépara, entretint, perpétua si long- temps cette rage fanatique ; voilà ce qui fit renouveler , pen- dant vingt ans , les actions de grâces à l'être su- prême, et les processions par lesquelles les Fran- çais le remercièrent d'avoir réussi à massacrer cent mille de leurs frères.

Un des chapitres les plus curieux est celui où l'auteur passe en revue les ambitieux tonsurés (ce sont ses termes), qui ont trahi la France pour faire leur cour à Rome , obtenir le chapeau de cardinal, ou par reconnaissance de l'avoir obtenu. La liste est longue ; cependant l'auteur perd cou- rage, et termine sa liste au règne de Henri iv : il pouvait la prolonger.

Un autre chapitre, à qui les circonstances ac- tuelles attachent par malheur un nouvel intérêt , est celui des vice-légats d' Avignon : « C'est, dit-il » en parlant de cette ville , c'est dans cet atmos- )) phère de fanatisme que s'échauffaient toutes les » têtes méridionales de la France ». Si la Provence, le Languedoc, le Daupliiné, Lyon même, se sont plus ressentis des fureurs de la ligue , c'est l'effet du voisinage du vice-légat et de la cour d'Avignon: c'étaient le centre des intrigues , l'arsenal où se forgeaient les armes et les chaînes du Dauphiné , du Lyonnais, de la Provence et du Languedoc; c'était l'entrepôt des indulgences et des brefs in- cendiaires. C'est -là que Charles tx et Henri iir

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