Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/150

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long-temps dc'-i^radée par tous les préjugés de l'i- gnorance naturelle et de l'ignorance acquise , Té- cation des enfans pourrait être livrée aux soins de leur famille ; mais, dans l'état où nous sommes, l'idée de courir un pareil risque est entièrement inadmissible ; et combien même ne sommes-nous pas éloignés de l'heureux moment où elle sera praticable ! Ce n'est pas trop du concours de la puissance publique et de tous les esprits éclairés pour hâter ce moment ; notre révolution n'est pas, comme quelques autres , un simple changement plus ou moins subit dans le mode du gouverne- ment , changement qui quelquefois n'influe que d'une manière lente et peu sensible sur les idées et les mœurs. Elle est , en partie , Touvrage des idées nouvelles qui l'avaient secrètement préparée, et qui ont formé la constitution. 11 faut donc qu'elles en deviennent le soutien , qu'elles triom- phent des idées anciennes qui la combattent , des habitudes qui lui sont contraires; que nos erreurs en morale , en politique , achèvent de se dissiper au jour de la raison.

Jusque-là point de vrai calme , point de féli- cité sociale : c'est le combat du bon et du mau- vais principe ; et le bon principe , vainqueur , sans jouir de sa victoire, ne peut être toiit-à-fait triomphant qu'en appelant à lui son invincible auxiliaire , la génération naissante. M. Rivière ne l'ignore pas , puisqu'il intitule son écrit Palladium de la Conslitittioii ; mais alors on ne voit pas ce

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