Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/19

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DE CIIAMFORT. t$

« Un homme sur la roue , que son confesseur «exhortait à la patience, lui répondit : «■ Mon père, » il y a long-temps que je pe me suis trouvé dans » une situation d'esprit aussi tranquille, w

« Un homme fort riche dans ce siècle, à portée, » par sa fortune , de se procurer tous les plaisirs , » jouissant d'une santé florissante, doué des avan- «tages extérieurs , est mort de douleur de n'être 3j pas gentilhomme ». •

Le bonheur des grands et des gens riches dé- pend presque toujoiu's d'eux-mêmes ; celui de la multitude dépend de ceux qui la gouvernent. Dans cette classe d'hommes , le bonheur consiste à ne pas souffrir ; et c'est aux législateurs à rem- plir cet objet , aussi l'auteur leur adresse cette sage exhortation :

« O vous , bergers de grands troupeaux d'hom- » mes , rois , souverains , dont l'âme sensible se » plaît dans le contentement des autres , détour- » nez les yeux de votre cour , si vous voulez don- » ner l'essor à vos nobles sentimens ! Vous ne » pouvez rendre heureux le petit nombre de cour- » tisans qui vous environnent. Une soif inalté- » rable d'or , de grandeurs , d'éclat , les domine. » Abaissez vos regards vers unsP multitude à qui » vous pouvez accorder un bien-être sensible et » durable , et qui passera j usqu'à la seconde géné- » ration « .

Après avoir parlé du bonheur , l'auteur parle de la durée du temps et de l'ennui , et il prouve

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