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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/190

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1 86 OTUVRES

» à toute doctrine contraire à leurs intérêts ou à » leurs préjugés. Ils ont attaché une idée odieuse » à tout ce que le génie des grands hommes , qui » ont immortalisé notre siècle, a opposé de lu- )) miéres au torrent des erreurs humaines, à l'abus w de la religion et à l'ascendant des traditions » théologiques. Ils ont enseigné aux peuples que » les maîtres et les tyrans de la terre ne tenaient » leur puissance que du ciel , et que la seule idée » de lutter contre l'oppression , était un attentat « contre la divinité. Le sacerdoce, qui devait aux » hommes des exemples de douceur, de bonté et » d'humilité, devint intolérant, turbulent et per- » sécuteur. C'est lui qui a provoqué, contre les » défenseurs des droits du peuple, les rigueurs de » l'autorité; c'est lui qui a mille fois fait ouvrir les » portes d'airain et plonger dans les cachots des » hommes qui n'avaient que le tort d'avoir tenté » le rappel de la justice, et le retour à la raison. » Qu'est-il arrivé d'ime conduite si injuste ? ce qui )) arrive toujours, lorsc[ue la contradiction est » brusque et passionnée. Dès que les philosophes » ont vu les prêtres décidés à incorporer dans » l'essence de la religion les idées aristocratiques » de la théologie , ils ont cessé eux-mêmes de dis- » tinguer l'évangile de la superstition. Plus affec- » tés du désir de délivrer le monde de ses fers, » que de la nécessité de respecter des vérités sa- » crées et mystérieuses, ils ont attaqué tout le V corps d'une doctrine dont l'abus faisait la force

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