Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/207

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DE CHAMFORT. 2o3

<îe partisans dans son corps , et combien ce corps était encore puissant. Henri iv ne l'ignorait pas; et c'est ce qui le justifie d'avoir refusé de prendre un parti violent , soit contre le saint siège , soit contre les jésuites , soit contre les docteurs les plus séditieux et les plus coupables. Il connais- sait la faiblesse de Rome ; il savait que le pape s'était bâté de lui donner l'absolution , quand sa sainteté avait cru que l'on songeait à s'en passer ; il pouvait laisser subsister l'arrêt qui bannissait les jésuites du royaume ; on le lui conseillait ; on lui parlait d'établir en France lui patriarclie. Les refus du roi l'ont fait accuser de faiblesse par plusieurs liisto riens : reproche injuste ! Henri iv jugeait l'esprit de la nation ; il voyait que le fiinatisme la dominait encore ; il sa- vait que le peuple est ennemi de la raison , jus- qu'au moment où il est assez éclairé pour en de- venir le défenseur; que iaSorbonne et les jésuites, autrefois ennemis , s'étaient réconciliés ; que les jésuites, qualifiés par la Sorbonne, de bâtards^ de scélérats et {X infâmes , lorsqu'à peine institués , ils ne pouvaient être coupables , avaient été dé- clarés des hommes illustres et respectables depuis qu'ils avaient prêché le régicide. Enfin, Henri iv voyait que , pour un trop grand nombre de Fran- çais , le pape et le christianisme était une seule et même idée; qu'être chrétien apostolique et non romain , paraissait alors impossible. Il n'osa ris- quer une démarche aussi hasardeuse ; et le poi-

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