Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/227

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DE CIlAZilFORT. Qa3'

glaciers ; tant de phénomènes intéressans que les montagnes offrent à chaque pas ; quelle riche moisson pour un homme observateur, poète et peintre, également doué cFimagination et de sen- sibilité, et chez qui tontes deux se réveillent l'une par l'autre ! Un seul morceau, parmi tant d'autres que nous pourrions choisir, suffit pour donner l'idée du talent de M. Ramond : c'est la peinture des sensations qu'éprouve l'auteur au retour d'une course à Gavarnie, au coucher du soleil.

a A chaque pas , je sentais changer la tempéra- ture. Du haut du rocher à Gavarnio , j'avais passé de l'hiver au printemps. De Gavarnie à Gedro , je passai du printemps à l'été. Ici, j'éprouvais une chaleur douce et calme. Les foins nouvellement fauchés, exhalaient leur odeur champêtre. Les plantes répandaient ce parfum que les rayons du soleil avaient développé , et que sa présence ne dis- sipait plus. Les tilleuls tout en fleurs embaumaient l'atmosphère. La nuit tombait, et les étoiles per- çaient, successivement et par ordre de grandeur , le ciel obscurci. Je quittai le torrent et le fracas de ses flots, pour aller respirer encore l'air de la vallée et son parfum délicieux. Je remontai lentement le chemin que j'avais descendu, et je cherchais âme rendre compte de la part qu'avait mon âme dans la sensation douce et voluptueuse que j'éprouvais. Il y ajene sais quoi dans les parfums, qui réveille puis- samment le souvenir du passé. Rien ne rappelle à ce point des lieux chéris, des situations regrettées ,

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