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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/249

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DE CHAMFORT. a/jS

les poursuit; mais, avec un peu d'attention , on s'aperçoit bientôt qu'il fallait q selque chose de plus. Encore un petit exemple, rien n'éclaircit mieux les idées. ~

UndesgensdeM.de Richelieu battit si fort un homme, que le battu mourut quelques jours après: c'est ce qu'on appelle vulgairement tuer. La femme du défunt eut l'insolence de se plain- dre : « Je fus obligé, dit M. de Richelieu, d'écrire à « d'Argenson pour la faire taire. » On sait que faire ft2/re un homme du peuple, une femme du peu- ple, c'était, en langage de pohce, menacer de Bicètre. On voit que le peuple a gagné à se faire appeller la nation. Cec\, par parCtthèse, esplique assez bien le plaisir qu'il trouve à se servir de ce mot; et, sans justifier l'abus qu'en a fait quel- quefois son ignorance passagère, on peut dire qu'il s'est trouvé assez mal du mot peuple., po ur vouloir lui en substituer un autre. Revenons au mot de M. de Richeliei;-: Je fus obligé d'écrire à d'Jrgenson.... Il a regret à la peine de se mettre à son bureau, de prendre la plume pour exiger d'un magistrat le silence des lois, c'est-à-dire, leur violation, en arrêtant la poursuite d'un homicide! Et que dire de la tranquille certitude qu'il a d'être obéi par ce d'Argenson , auquel il commande une honteuse prévarication, comme un honnnage dii à la grandeur ? Sans doute il regrettait aussi de prendre la plume, quand ii fit mettre pour six mois à Bicetre un bouigeois de Paris, qui avait

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